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Rencontre(s) avec Joni Mitchell > Historique > Peintures

Ou encore The Wolf That Lives In Lindsey (Mingus, 1979). Et ce par égard pour la musicienne : la dernière des choses que je souhaite serait de l’embarrasser. Et je ne dis pas de la choquer, car je suis sûr, absolument certain que son indépendance d’esprit, son intelligence, la clarté et la subtilité de ses analyses et son parcours de vie l’ont depuis longtemps vaccinée contre la pudibonderie, l’hypocrisie et le politiquement correct. Et d'ailleurs, comment pourrait-il en être autrement de la part de quelqu’un évoquant sans complexe "l'incendie dans sa moelle épinière lorsqu’elle sent son amant glisser ses jambes entre les siennes" (Come in from the Cold, 1991), ou encore lorsqu’elle déclare que "c’est bien gentil de se préoccuper des nobles causes dans l'existence, mais qu’en ce qui la concerne, tout ce qui l’intéresse c’est de se trouver un nouvel amant", en ces temps où la faillite de son amour passionnel pour le musicien John Guerin l’entrainait sur les autoroutes glacés de Hejira (Song for Sharon, 1976)…

En fait, hormis la volonté de ne pas mettre Joni Mitchell dans l'embarras, c’est surtout la crainte du hors sujet qui m’importe, en l'occurrence. En ce qui concerne That Song About The Midway, je ne suis même pas sûr d'avoir vraiment compris tout à fait le texte à l’époque où je l'ai traduit pour en tirer une peinture, alors… sans regrets ! Mais quoi qu’il en soit That Song About The Midway et le Don Juan's Reckless Daughter version 1986 sont des travaux que je continue à bien aimer, car je les trouve forts –qu'ils correspondent à ce que raconte le texte ou pas, d'ailleurs.

Ainsi, dans ce registre, je préfère la seconde version que j'ai donnée de Amelia, même si son concept, la radicalité de la symbolique sexuelle, les couleurs et la composition paraisse l’éloigner de prime abord de la dimension poétique, pudique, mélancolique et très "automnale" du texte de Joni Mitchell. La première version, qui faisait partie du recueil montré à Joni Mitchell en 1983 à Paris, est certainement plus synergique, plus douce, plus en adéquation avec l'image traditionnellement associée à la musicienne (et qui n'est pas celle que je plébiscite, on l'aura compris), mais pour moi la seconde version est plus intéressante, parce qu'elle m'apparaît plus ample, plus éloquente et surtout plus tragique -et en cela, elle rend davantage justice au texte, me semble-t-il. Le commentaire vaut, d'une certaine façon, pour les deux versions de Song for Sharon.

Après cette deuxième entrevue, je me suis attelé au troisième et dernier cycle de travaux inspirés par l'œuvre de Joni Mitchell, aboutissant ainsi à des œuvres que je n'ai jamais eu l'occasion de lui montrer (tout ce qui est postérieur à début 1987, de fait). Et qui, pour certaines, m'ont paru atteindre enfin le statut de peinture.

À ce sujet, la différence entre une illustration et une peinture n'est pas une question de format, contrairement à ce que l'on entend ou lit souvent. La vraie différence, c'est qu'une illustration est avant tout au service de l'histoire ou du texte qui l'a inspirée, et sa mission est de lui rendre justice ; c’est son tout premier objectif.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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