Mais surtout qui exprime clairement son espoir et son attente vis à vis de la création sur scène de ce Quartet, un ensemble de quatre ballets dédié au thème de l’amour, dans ses différentes phases –une approche conceptuelle scénarisée sous forme de chronique, que la musicienne avait entamé avec sa sélection de titres parus dans l’album Both Sides Now. Il est intéressant de noter que, d'une certaine manière, ce dernier était une sorte de répétition préparatoire pour Love Has Many Faces. En effet, Both Sides Now proposait une sélection de chansons reliée par un thème – ou encore, en d'autres termes, une histoire articulée autour de créations apparemment indépendantes mais toutes reliées par un concept, servant de fil conducteur et mettant en scène une progression : naissance d'un amour jusqu'à sa mort, pour finir sur la note d’espoir d'un éventuel renouveau à travers un nouvel amour. Pour Love Has Many Faces, Joni Mitchell aborde une approche similaire, décrivant cette fois les nombreuses typologies de l'amour en reliant à l'aide du scénario qu'elle a imaginé les différentes chansons sélectionnées. Chacune d'entre elles alimente ainsi le processus jusqu’à sa conclusion. L’artiste explique sa politique éditoriale sur sa page Love Has Many Faces.
Il faudra néanmoins attendre 2019 pour que les noces de la Danse et de Joni Mitchell soit à nouveau célébrées, avec en hommage aux soixante-quinze ans de Joni Mitchell, la reconduction en avril et mai 2019 de The Fiddle and the Drum dans sa forme originelle au Jubilee Auditorium de Calgary, puis à celui d'Edmonton, au Canada. Au niveau des performances sur scène de Joni Mitchell, l'une des dernières date du 18 juin 2013 : dans le cadre du Festival Luminato, et en célébration de ses soixante-dix ans l’artiste interprète au Massey Hall de Toronto This Rain, This Rain.
Un poème basé sur les écrits de l'artiste-peintre Emily Carr, à laquelle la musicienne rend ainsi hommage. Elle interprète aussi Furry Sings the Blues et Woodstock.
L'album Shine de 2007 aura donc bouclé la boucle avec Song to a Seagull (1968). On espérait encore à sa sortie (cf la version 2011 de ce texte sur Joni Mitchell.com) que cette boucle resterait ouverte, avec au moins un autre album sous le label Hear Music (division de Starbucks) dont la presse s'était fait l'écho… Hélas, concernant les enregistrements-studio, on sait maintenant que cette boucle s’est refermée, l'absence d'un successeur à Shine via Hear Musique étant due aux multiples ennuis de santé que la musicienne rencontra à cette époque : une immobilisation prolongée due à la maladie des Morgellons, accompagnée d’une dégradation progressive de ses capacités vocales. Ainsi, Joni Mitchell décalara en 2013 qu’elle abandonnait probablement définitivement le chant : voir l'interview accordée par Joni Mitchell à CBS à Jian Ghomeshi en 2013 > time code > 01.40'.13”)
On connaît la suite (soit la grave rupture d’anévrisme qui frappa Joni Mitchell en 2015 et la laissa très fragilisée), pour comprendre que malheureusement et sauf miracle (mais il faut continuer de croire aux miracles!…), Joni Mitchell ne nous offrira plus de nouvelles compositions. Sachant que le principal est, ô combien, que Joni Mitchell ait pu surmonter ce terrible accident neurovasculaire. Elle paraît aller de mieux en mieux, à l’orée de cette troisième décennie du XXIeme siècle, d'après les quelques reportages-photo ou interviews parus. Surtout depuis son extraordinaire apparition-surprise au Newport Folk Festival à l'été 2022, où elle chantait et jouait de la guitare. Oui, les miracles existent.