parfois en demi-teintes, mais toujours aussi exceptionnels sur un plan musical, littéraire et émotionnel (Taming the Tiger, Stay in touch, Face Lift ou encore le mélancolique Man From Mars).
En 2000, Joni Mitchell nous offre un superbe hommage au répertoire des grands standards du Jazz, en enregistrant un nouveau disque auquel elle va donner le titre d'une de ses plus belles compositions personnelles, Both Sides Now. Un titre qu'elle va ré-interpréter pour l'occasion avec un orchestre symphonique (morceau paru pour la première fois dans l'album Clouds en 1969). Là encore, l'intelligence du propos interpelle autant que sa profondeur émeut : l'enchaînement choisi des morceaux évoque la chronologie d'une passion amoureuse, des fondations (You're My Thrill) aux décombres de la rupture (Stormy Weather) puis du renouveau, de la vie qui gagne et de l'envie de l'amour, de cet amour qui refleurira un jour si tout va bien (I Wish I were in Love Again). A travers les pistes de l'album, Joni Mitchell regarde ainsi en arrière sur sa propre vie, donnant aux deux titres issus de son propre répertoire les versions les plus poignantes et les plus belles qu'il nous ait jamais été donné d'entendre (A Case of You et Both Sides Now).
Entre 2000 et 2007, Joni Mitchell semble vouloir disparaître de la scène publique pour de bon semble-t-il, et au grand désespoir de ceux qui la suivaient depuis tant d’années. Seul Travelogue brise ce silence, en proposant un voyage "héjirien" à travers son répertoire, revisitation ré-actualisée avec sa voix d’alors et accompagnée d'un grand orchestre, imprimant une nette coloration jazz qui enveloppe le tout, comme dans Both Sides Now. Il est à noter que Travelogue offre une spendide interprétation de
de The Last Time I Saw Richard, dans des tonalités évoquant celles des compositions Both Sides Now et A Case of You revisitées dans Both Sides Now. Il est également à noter qu'avant ces disques de "revisitations", un "Best Of" était sorti en 1996 (unique dans son genre, au sein de la discographie de Mitchell), sous une articulation originale : un duo malicieusement intitulé Hits and Misses. Hits rassemblait une sélection des chansons les plus connues de Joni Mitchell, tandis que Misses réunissait un échantillon de chansons qui "auraient pu être des hits", conjointement à certaines que la musicienne affectionnait particulièrement mais qui ne s'étaient pas hissées au statut de légende dans son répertoire.
Parmi les compilations sorties ultérieurement, Songs From A Prairie Girl en 2005 se révèle indispensable, ne serait-ce que parce qu'il présente des photos de la session sur le lac gelé, utilisées pour la pochette/chef-d'œuvre de Hejira, et aussi parce que le disque offre une superbe version remastérisée de Paprika Plains (où Joni Mitchell a effacé la phrase "I've got to get some air", qui ponctuait les premiers couplets de la version d'origine figurant dans Don Juan's Reckless Daughter).
Mais en scorpion revendiquée (son signe astrologique), donc stimulée par l'épreuve -et comme tout bon phœnix renaissant de ses cendres-, Joni Mitchell retrouve surtout le devant de la scène avec Shine, une œuvre crépusculaire et flamboyante, à l'image des étés indiens qui enflamment les territoires canadiens d'où la musicienne est originaire.
Si Joni Mitchell ne mâchait pas ses mots dans Dog Eat Dog, que dire de Shine, où rage et désespoir (et peut-être même "vieillesse ennemie", en m'excusant aupès du grand Pierre