au service de leurs intérêt exclusifs, mensonges d’état, Chrétiens évangéliques instrumentalisés par les Faucons ultras-conservateurs et réactionnaires au service de la haine et de la guerre... Sans oublier le cynisme promu valeur refuge à tous les étages, les désastres écologiques, etc –la liste hélas n'est pas exhaustive.
Pour conclure, on pourra noter que les dénonciations de Dog Eat Dog furent effectuées par une artiste qui s'était plus ou moins tue à l'époque où il était à la mode de hurler avec les loups (le fameux "Protest-Song" des années 1960), mais qui en revanche jugea nécessaire d'appeler les choses par leur nom vingt ans plus tard, dans cette décennie des "Eighties" où, suivant ses propres termes, "plus personne ne le faisait".
Heureusement, avec Chalk Mark In A Rainstorm (1988), Joni Mitchell renoue avec le succès (au moins critique, à défaut d’un engouement publique et de ventes mirifiques) et ainsi conclue avec panache -comme un pied de nez à ses détracteurs- une décennie qui, il faut bien l'avouer, laisse tout de même son public un petit peu "sonné". Les expérimentations "électro" de la période Dolby (Empty-Try Another) et quelques morceaux parfois ressentis comme hasardeux par la suite (par exemple The Reoccuring Dream), sont probablement responsables de cette perception mitigée. Quoi qu'il en soit, les années 1980 s'achèvent avec cet album d’une sophistication extrême. Chalk Mark In A Rainstorm est un disque maîtrisé, très riche dans ses multi-couches sonores, et parfois très dense dans son propos : Lakota, où la musicienne redevient l’avocate passionnée du peuple indien Sioux dépossédé de sa terre par les envahisseurs anglo-saxons, ou encore l'extraordinaire The Tea Leaf Prophecy.
Cette composition, basée sur le thème de la rencontre de ses propres parents en temps de guerre aborde en filigrane l’évocation de l’enfant non désiré ("Don’t have kids when you get grown" / The Tea Leaf Prophecy). Une souffrance qui fait écho à son histoire personnelle poignante, relative à "Little Green", cette enfant née d’un amour trop jeune et immature qu’elle ne pourra pas garder et fera adopter dans les années 1960, et qu’elle retrouvera après d’âpres recherches vers la fin des années 1990. L’album offre également des joyaux tels que le brillantissime My Secret Place, avec Peter Gabriel, ou encore au registre des compositions profondes, humanistes et chargées de sens politique, The Beat Of Black Wings.
The Beat of Black Wings est d'ailleurs intéressant à plus d'un titre, car il permet de souligner une fois de plus l'extraordinaire dualité de la femme et de l'artiste. Joni Mitchell y utilise le symbole du "Battement des Ailes Noires" pour conceptualiser la Mort. Or, pour symboliser la Vie, l'urgence de la vie à travers la pulsion d'une sexualité brute -stigmate de la soif de l'autre-, l'auteur utilisait pratiquement le même symbole, lorsqu'elle nous parlait dans Black Crow (Hejira, 1977) de la chasseresse et de son battement d'ailes noires, ici celles du corbeau femelle auquel elle s'identifiait, scrutant la terre depuis des altitudes glacées pour mieux fondre sur sa proie -le mâle complémentaire.
Cet exemple donne toute la mesure de la complexité du personnage de Joni Mitchell, qui semble nous indiquer qu'Ombre et Lumière, Yin et Yang, Bien et Mal, Fascination et Répulsion ne sont jamais autre chose que les polarités d'une même vibration. Un concept que, du reste, elle avait déjà magnifiquement évoqué dans Shadows & Light (The Hissing of Summer Lawns, 1977), ou synthétisé dans l'indépassable