art-disent-fr.html
"Seulement de la fin du XXème siècle?" > Historique > Peintures

On n’oubliera pas de mentionner également la splendeur de la pochette de l’album Hejira (vignettes page précédente). Je ne m’étendrai pas très longuement sur la question, m’étant déjà exprimé dans mon commentaire laissé sur Amazon en 2009 (voir page précédente), mais il faut tout de même souligner que plus de quarante ans après, on reste toujours subjugué par l’intelligence et l’élégance du design de Joni Mitchell, par le raffinement et la sobriété de la direction artistique de Glen Christensen, et "last but not least" par les somptueuses photos de Norman Seeff et Joel Bernstein -et par le travail de photo-print réalisé par Keith Williamson.

En 1977, cette même critique boudera Don Juan's Reckless Daughter, et sans conteste un des autres opus-clefs et indiscutables chef-d'œuvres de la Canadienne.
Une prolongation logique des expérimentations que The Hissing of Summer Lawns avaient non pas entamées, mais pérennisées dans le processus créateur de la musicienne -elles existaient déjà en nombre, au stade de touches intimistes dans les œuvres l’ayant précédé. La World Music avant-gardiste et âpre de The Jungle Line ("Hissing") trouve un prolongement endiablé avec The Tenth World, et s’adoucit sous la langueur et la moiteur des îles (la Jamaïque, en l’occurrence), avec l’entêtant Dreamland ; la rythmique hypnotique et dépouillée qui avait si merveilleusement brossé les paysages glacés de Hejira ici s’emballe, et accouche de l’extraordinaire composition éponyme de l’album, Don Juan’s Reckless Daughter, dont on ne célèbrera jamais assez la puissance de son propos alliée à celle des sonorités de guitares et de percussions. La symphonie, jadis dédiée à une Scarlett insensible et impériale, se déplace vers les "mesas" rouges des territoires indiens, et se déploie en fresque hallucinatoire, éthnique

Hejira / Pochette
Joni - Lac Mendota
jonimitchell.com
Hejira / Pochette
Le Lac Mendota
- Blog Gisela & John Kutzback / Photo
© Gisela Kutzback
Hejira / Pochette
Le Lac Mendota
Wisconsin Life /
Dean Robbins
& Steve Gotcher
Photo © Maureen McCollum

et intimiste, prend son temps, explore et se sublime dans son final avec une explosion Jazz qui emmène le morceau vers les cimes du chef-d’œuvre : le mythique Paprika Plains, morceau fleuve ("Une rivière turquoise qui serpente"), composition-joyau et polyphonie unique dans l’œuvre de Joni Mitchell, que personne avant elle et personne depuis n’est parvenu à égaler.

Après le tollé suscité par The Hissing of Sumer Lawns, puis les commentaires parfois désorientés qu’Hejira suscite, et dans la foulée la réception plus que mitigée que rencontre le double album déconcertant Don Juan’s Reckless Daughter, la Fille Téméraire de Don Juan va enfoncer le clou vis à vis de son audience et de la critique musicale avec sa nouvelle exploration. Lui reproche-t-on d’être "arty" et alambiquée? D’avoir abandonné les refrains et les mélodies au profit de mélopées verbeuses, sans fin et atoniques? Qu’à cela ne tienne, on a encore rien vu –ou plutôt rien entendu : la nouvelle aventure musicale (et apothéose des voyages de Joni Mitchell dans les territoires du Jazz), consommera le divorce entre le grand public, la musicienne canadienne et les radios susceptibles de passer sa musique : ces dernières lui tourneront le dos, sinon définitivement, du moins pour un bon moment.
Quant à la critique, elle achève la curée et sort les couteaux lorsque paraît en 1979 l’ovni Mingus, fruit de la collaboration entre Joni Mitchell et le légendaire compositeur et bassiste de Jazz Charles Mingus.

Une part importante de cette critique "qui compte" crucifie littéralement Mingus, qu’elle considère comme un objet prétentieux, artificiel et abscons. Et achève ainsi de se ridiculiser : Michael Watts, qui avait pourtant signé une tribune sensible, approfondie et bienveillante à

Don Juan’s
Reckless Daughter
(1977)
Mingus
(1979)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

art-disent-fr.html
© Jacques Benoit. Design, œuvres, photographies et textes par Jacques Benoit et placés sous son copyright. Les contenus provenant d'autres sources sont crédités comme tel, ainsi que leur origine.
© Jacques Benoit. Design, works, photographies and texts by Jacques Benoit and under the author’s copyright. Except when derived from other sources and then mentioned as such.