Cependant, j'avais aussi naïvement pensé que mon travail des années 70 inspiré par Elton John, et les circonstances qui avaient produit ce travail projetteraient un éclairage particulier sur les quelques moments où le chanteur et moi nous étions croisés. J'avais tort. Le silence d'Elton John signifiait clairement que rien de tout ceci n'avait jamais eu la moindre importance.
Peut-être me fallait-il également comprendre que l’homme qu’était devenu Elton John en 2017 était quelqu’un qui regardait prioritairement devant lui, et pas dans le rétroviseur. Bien sûr, c’était son droit absolu, comme le mien avait été de me souvenir et de lui faire part de ce qui m’avait été cher. Il me fallait admettre que personne n’avait tort ou raison dans cette histoire. Simplement, les choses étaient ainsi, et je devais accepter sans amertume cette situation, telle qu'elle était.
Fort heureusement, l’âge et l’expérience aident à comprendre que la vie n’est faite que de cela : un itinéraire hasardeux qui, lorsqu’il se trompe de bifurcation, engage le voyageur dans une impasse où le demi-tour ou la marche arrière s’avèrent impossibles ; ce qui est fait est fait. Bien sûr, cela n’empêche nullement la route d'avoir été jolie. Et en l’occurrence, les occasions au cours desquelles j’eus la chance et l’honneur de côtoyer Elton John furent extraordinaires. Et vraiment, elles le furent - mais seulement pour moi. C’est de ces étapes merveilleuses que ce livre parlait. Et c’est de cela et de rien d’autre que je décidai de me souvenir. Au fil du temps je crus être parvenu à oublier ce qui méritait de l'être.
Pour l’anecdote, vers la fin 2018 j’eus le plaisir de revoir à Paris à son initiative, un ami et collaborateur très proche d’Elton John, qui l’avait accompagné depuis ses débuts et qui faisait toujours partie de son premier cercle.
Il m'apparut légitime de lui faire présent d’un exemplaire de My Elton Years à titre privé, au premier chef parce que je le savais totalement digne de confiance.