Quelques mois plus tard, à la suite d’un échange avec elle sur un tout autre sujet, et alors que j'évoquais l’absence de signe de vie d’Elton John après réception de ce livre, elle interrogea à nouveau la ou les personnes à qui elle avait remis mon envoi, qui lui répétèrent qu’Elton John avait été "ravi" par l’ouvrage, versé depuis à ses archives personnelles.
Là s'arrête tout ce que j'ai jamais pu savoir.
Au final, le destinataire de mon envoi ne me donna jamais le moindre signe de vie –et les six années qui viennent de s’écouler m’ont confirmé que je n’en recevrai jamais.
La première partie de 2017 me vit m'interroger sur ce silence. J'avais du mal à l'analyser, car il ne correspondait pas à l’humanité que je connaissais du personnage, à sa sensibilité et encore moins à son éducation. Le contenu très personnel et la forme de cet ouvrage pouvaient laisser raisonnablement penser qu’à défaut de provoquer une ruée du musicien sur son téléphone (ce qui ne fut jamais pour moi à l'ordre du jour, je ne crois plus au Père Noël depuis belle lurette), ils l'inciteraient au moins à charger son secrétariat de l'envoi d'une formule-type de remerciement, plus ou moins personnalisée.
Mais même ceci ne se produisit pas.
Lorsque je finis par réaliser que je n'aurais jamais de nouvelles, cette situation m’attrista.
Le silence d’Elton John me fit en effet comprendre que ce qui avait été capital pour moi jadis ne l’avait jamais été en aucune manière pour lui. J'avais certes toujours été conscient que les effets délétères du temps (cet ennemi mortel de nos mémoires), ajoutés au Grand Canyon vertigineux qui sépare la vie trépidante d'une superstar de celle d’un individu ordinaire comme moi, faisaient que les choses ne pouvaient pas être ressenties de la même manière des deux côtés. Et je savais aussi que tout passe, tout lasse et tout casse. C’est une réalité, et elle ne m'avait jamais échappé.