Il semble pertinent de situer dans cette mouvance picturale les travaux de Jacques Benoit qui, avec son enthousiasme débordant associé à sa parfaite maîtrise technique, a décidé de faire des bâtiments emblématiques de Oscar Niemeyer les sujets exclusifs, ou presque, de plusieurs séries de tableaux.
Dès la première série, exécutée depuis déjà plusieurs années et intitulée “Brasília. De Chair et d’Âme”, le parti compositionnel est défini. Il consiste à présenter un bâtiment –le Congrés de Brasília ou la cathédrale, par exemple-, sous l’angle le plus caractéristique pour en révéler la rythmique et la sensualité qui participent de sa symbolique. Mais, pour mieux exalter l’esprit des édifices célébrés dans ses tableaux, Jacques Benoit les combine avec des personnages qui, dans la plupart des cas, suggèrent une sorte de dramaturgie ou de chorégraphie mettant en jeu des corps d’hommes ou de femmes, souvent nus, en contraste ou en connivence avec l’édifice tant par leurs formes intrinsèques que par leurs couleurs. C'est le cas du diptyque "Criança" et "Mulher", et de l'ensemble de quatre tableaux intitulé "Ritmo e Sensualidade" (Florescimento 1 & 2 et Construção 1 & 2"), œuvres évoquant le Cinquantenaire de la cité.
Jacques Benoit met en jeu des formes franches et dépouillées revêtues de couleurs généralement intenses, saturées, contrastées, posées en aplat ou en couches de matières complexes et structurées –des pratiques picturales que l’artiste pourrait tenir de sa formation de graphiste. Ce chromatisme, non mimétique et généralement d’une grande vigueur, en se combinant avec le rapport inattendu de l’architecture et des personnages, saisit le spectateur, l’intrigue, l’amène à s’interroger, donc à regarder, puis à entrer dans le monde du peintre, donc à rêver. Que les personnages soient des silhouettes anonymes, évoquant peut-être le peuple brésilien en certains cas, ou qu’ils soient des portraits de Niemeyer lui-même, ils sont un des fondements du jeu conduit par le peintre.