le créateur de Brasilia? Cela paraît une évidence. Mais j’ai pu constater, au fil du temps, que cette évidence fut loin d’en être une pour certains : cette composante de ma peinture a objectivement rebuté un certain nombre d’amateurs éclairés de l’art de Niemeyer, et me ferma ainsi leurs portes. C’est ainsi. Qu’en dire de plus? Je me suis exprimé déjà sur le sujet dans le chapitre Hors Cadre de ce site, et je n‘ai donc rien à rajouter ici sur le phénomène du rejet que la représentation de la plastique masculine peut susciter auprès d'aucuns exerçant leur autorité dans les domaines liés à l'art.

Quoi qu’il en soit, ma peinture sur Brasilia s'est assez vite affranchie de cette recherche sur les correspondances entre la forme humaine et la forme construite. Brasilia ne m'a pas inspiré que littéralement ou formellement ; elle m'a surtout inspiré symboliquement, dans ses sens cachés, et c'est de cet imaginaire-là que s'est principalement nourri ma peinture. La démarche qui m'a conduit à doter l'homme bleu agenouillé devant la cathédrale d'une main ensanglantée ("Cathédrale", 1997) n'a jamais été autre chose qu'une référence à la main de béton tachée de sang (dont la blessure, elle, revêt la forme du continent sud-américain), dressée par Niemeyer au Mémorial de l'Amérique latine de Sao Paulo. C'est dans cet esprit que nombre de mes toiles furent créées par la suite, y compris celles qui représentaient l'architecte, Lúcio Costa, ou encore Juscelino Kubitschek. Donner un sens à la forme, évident ou occulte, raconter une histoire, interpeller le spectateur de l'œuvre : c'est cela qui m'attire dans la peinture. La forme pour la forme, l’effet de matière pour l’effet de matière, la couleur pour la couleur, eux, m’ont toujours assez peu intéressé.

Ainsi, la série suivante "Brasília Cinqüenta Anos", produite en hommage au Cinquantenaire de la ville, s’appuie également sur une symbolique, la naissance et l’évolution d’une femme-ville, de son enfance à l'âge adulte.