Je revois Madame Sanson et les groupes de convives en arrière-plan et j’entend le brouhaha des conversations, bribes et flashes de cette minute passée avec elle dans un endroit et à un moment qui n’ont peut-être jamais existé ailleurs que dans mon imagination... Mais pourquoi aurai-je rêvé cela, dans quel but et pourquoi aurais-je gardé des souvenirs aussi… réels ? Seule les filles de Madame Sanson ont la clef de ce mystère, de cet endroit qu’elles reconnaîtraient peut-être tel que je le décris -ou peut-être pas exactement comme je le décris-, si elles avaient effectivement connaissance du fait que leurs parents s’y rendaient parfois, un appartement de famille, ou d’amis de leurs parents, je ne sais, sur le boulevard Suchet... et dans ce cas alors, oui peut-être un moment réel, que j’ai vécu, et pas imaginé. Et sinon, tant pis, une fiction... mais alors quel rêve étrange, sans légitimité ni raison!
Comme un Traumnovelle, tissé des mêmes songes que ceux de cette nouvelle d’Arthur Schnitzler dont Kubrick tira son dernier chef-d’œuvre Eyes Wide Shut…
Je ne saurais probablement jamais.
Dans l’historique de mes rencontres avec Madame Sanson, après ce Traumnovelle vécu-rêvé ( ?), je crois que je n’eus plus de nouvelles. Je lui envoyais mes vœux début 1977, et je finis par recevoir un jour un courrier, émanant du secrétariat de Madame Sanson. Celui-là, bien réel.
"Et soudain un télégramme vient m'annoncer
Que tout est dans le lac"
Véronique Sanson
On m’attend Là-Bas / Album Le Maudit (1974)
Hé oui, tout était bien dans le lac… Et Madame Sanson m’avait démontré, une fois de plus, sa gentillesse et son cœur immense, en me tenant au courant, avec des mots consolateurs et attentionnés, même si les nouvelles n’étaient pas celles espérées.