Des propos qui m'avaient fait sourire, même si ce verdict faisant référence à Walt Disney -et ses conséquences pour mon projet de pochette-, m’avaient eux forcément décu et ébranlé, sur le moment...
Néanmoins, je ne me décourageais pas, et ayant refait une ou deux nouvelles gouaches, je les montrais à Madame Sanson. Je pense que ce fut la dernière fois où je la rencontrais.
Sauf une autre fois peut-être, en coup de vent, mais depuis plus de quatre décennies, je suis dans l'incapacité de statuer sur cet épisode : impossible de décider si c’est un souvenir "rêvé", ou quelque chose qui s’est réellement produit ; et si je l’ai imaginé, je me demande bien pourquoi, dans ce cas. Mystère.
Toujours est-il que je me rappelle m’être rendu un jour à un rendez-vous que Madame Sanson m’avait fixé, au dernier moment et dans l’urgence (je crois que c’était à l’orée d’un départ en vacances d’été, et donc cela ne pouvait pas attendre -je crois me souvenir), et ne se trouvant pas chez elle mais ailleurs pour une sorte de cocktail ou de déjeuner entre amis ou avec sa famille (quelque chose dans ce genre), elle m’avait prié de passer à cette adresse pour lui remettre ou prendre un pli, me semble-t-il. Les seules choses précises dont je me souvienne et dont j’ai gardé des images (comme un film flou et des sons épars dans la tête), sont d’une part l’endroit, et une vision de Madame Sanson dans le vestibule, au seuil de cette grande pièce où elle m’avait remis ou pris cette chose que nous devions échanger.
C’était un immeuble situé à l’un des carrefours du boulevard des Maréchaux et d’une grande allée et d’un rond-point dégagé, arboré -une sorte d'antichambre du Bois de Boulogne, comme une sentinelle postée à sa lisière. Une construction des années 1930 Art Déco (peut-être les Immeubles Walter ?), avec de grandes baies vitrées aux menuiseries métalliques noires. Je revois ce bâtiment comme posé au coin du Bois, avec ses verrières reflétant le ciel ; à l’intérieur, ce très grand salon et ses fenêtres métalliques noires.