Par conséquent, dans le cadre strict d’une célébration-hommage aux quarante ans de Horses, il nous était apparu naturel et justifié, à Véronique Durruty comme à moi-même, d'adopter une démarche similaire, en basant notre réflexion et notre art sur les compositions de l’album magistral de Patti Smith. Et ce en total respect de l'artiste, bien sûr (sans s'apesantir sur le fait que tous les feux verts nécessaires nous avaient été bien sûr accordés par le label Sony Music France).
En aparté, pour l’anecdote et le fun (et là, c’est uniquement le fan de Patti Smith que je suis resté qui s’exprime), je me souviens avoir tout de même croisé cette dernière quelques années avant horsesvisions, un soir très tard au "Terminus Nord" alors que nous revenions mon compagnon et moi de Londres via l’Eurostar. Nous avions décidé de dîner rapidement à la célèbre brasserie de la Gare du Nord, avant qu’elle n’interrompe son service ; le restaurant était pratiquement désert, un moment feutré qui précédait sa fermeture et se voyait rythmé par le ballet des serveurs qui s’affairaient à nettoyer et réinstaller les tables pour le service du lendemain. Perdus comme nous dans cet espace vide, à quelques tables d’encablure dans une rangée perpendiculaire à la nôtre, une femme assise sur la banquette et un homme face à elle dont on n’apercevait que le dos, terminaient leur repas. La femme était Patti Smith.
Ayant achevé notre collation, mon compagnon se leva et m’attendit ; quant à moi je pris mon courage à deux mains et fis quelques pas vers la table de Patti Smith. Malgré le regard peu encourageant qu’elle me lança alors, je m’enhardis et, parvenu devant elle, je la saluais, m’excusant au préalable de la déranger et prononçais alors quelque mots ; une déclaration probablement très maladroite exprimant toute l’admiration que j’avais pour son travail, expliquant que je profitais de cette occasion inespérée pour la remercier de cette œuvre qui m'envoûtait depuis si longtemps. Elle continua à me fixer, sans dire un mot.