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Mon envoi ne suscita pas de réaction particulière. N’ayant pas été sollicité par quiconque pour produire
ce travail, j’en déduisis qu’il n’avait pas retenu l’attention, ou n’avait pas été jugé digne d’être un candidat potentiel
pour la pochette du nouvel album d’Elton John, le musicien et son parolier ayant probablement à l’origine autre chose
en tête pour immortaliser leur nouvelle création. Ayant dès le début mesuré les risques et ayant donc agi en toute
connaissance de cause, je décidais d’oublier l’épisode en passant à autre chose (et produisis dans la foulée en 1975 et 1976
tout un ensemble de nouvelles recherches dédiées à Elton John). À aucun moment, au cours des années qui suivirent où j'eus
l'occasion de revoir John Reid ou Elton John, je n'évoquais ce travail. Un peu par timidité, beaucoup par crainte d’apprendre
qu’Elton John n’avait pas aimé cette peinture. Mais surtout parce que j’avais bien compris que lorsque ces personnes
trouvaient un intérêt à quelque chose, ils savaient le manifester, et donc il me paraissait aussi inutile que contreproductif
de les embarrasser avec des questions auxquelles, me semblait-il, leur silence avait déjà apporté une réponse.

J’avais créé une peinture adaptée à une pochette "dépliante", comme cela se faisait beaucoup en ces temps
bienheureux et fastueux du vinyl. Le recto montrait Elton John et le verso Bernie Taupin, les deux étant réunis lorsque
la pochette était dépliée "à plat". Le visuel était encadré par une bordure noire, afin de mettre en valeur les volumes, lumières et
couleurs de la peinture. J’avais représenté Elton John (le "Captain" du titre) en capitaine de vaisseau et moussaillon de
fantaisie, traversant le firmament comme la plus brillante de toutes les étoiles (un symbole de son immense succès, et un clin d'œil à
Lucy In The Sky With Diamonds, chanson des Beatles qu’Elton John avait reprise à cette époque), survolant un public
de stars d'Hollywood emplies d’admiration: Fred Astaire, Charlie Chaplin, Marilyn Monroe, Barbra Streisand, Marlène Dietrich,
des chanteurs comme Ringo Starr et Rod Stewart. Parmi cette constellation d'étoiles figurait également John Reid.

 

 

 

 

 

 

 

 

Bernie Taupin était représenté flottant dans le ciel parmi des perles d’eau en suspension (une métaphore
de la mer qui baigne le Lincolnshire et la ville maritime de Grimsby, cité auquel il rendit hommage dans l'album Caribou),
tapant ses poèmes d'un doigt sur une machine à écrire en fome de globe en lévitation, l’inspiration jaillissant sur une feuille de papier
infinie, rejoignant le sillage lumineux de l’une des célèbres "Platform Shoes" d'Elton John. L’index de Bernie Taupin interférait avec
le sillage de l’autre chaussure volante du chanteur, symbole de la symbiose créatrice entre Taupin et Elton John.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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