Bref, tout ce qui fait que ces choses ne s’oublient pas, ni dans le cœur ni dans la mémoire.  

Ainsi, je me souviens de l'épisode de sortie de la cathédrale (où j’avais mené Juliette en priorité dès notre arrivée à Brasilia, au cours d’une de nos toutes premières visites de la cité). Une visite qui me valut quelques sueurs froides : tout à coup et à mon grand effarement, je vis Juliette s’engager d’un pas décidé sur les six (!) voies de la piste autoroutière qui longe de part et d’autre l’Axe monumental de Brasilia sur sa descente comme sur sa montée, pour aller rejoindre le gazon du terre-plein central (une irrésistible et soudaine envie d’aller conter fleurette aux marguerites du “gramado”, probablement), alors que cinquante mètres en amont les feux de circulation venaient de passer au vert... avec elle au beau milieu de la route.

Une armada de bolides sans pitié se mit alors à foncer à une vitesse astronomique vers cette silhouette de jeune Française aussi inconsciente que téméraire… qui demeura impériale et imperturbable, et sourire aux lèvres n’accéléra nullement son pas, se contentant de slalomer nonchalamment entre les files de voitures, sous les klaxons hystériques (accompagnés des noms d’oiseaux d’usage, peut-on présumer) et les vrombissements de la circulation qui avaient du mal à couvrir mes hurlements paniqués.

À l’instar de cette anecdote, je conserve de tous ces moments liés à Brasilia, à Juliette Vincent et à Elaine Ruas (qui s’entendirent comme larronnes en foire), de nombreux souvenirs d’exception et de bonheur, comme cette excursion à la Flor do Cerrado (“La Fleur du Cerrado“), la nouvelle Tour digitale encore en construction, où Silvestre Gorgulho, le Secrétaire d'État à la culture du District fédéral, nous invita si aimablement pour découvrir l’édifice et son chantier.
Ou encore nos dîners en extérieur sous les frondaisons du Beirute (celui de l'Asa Sul), un bar-restaurant de Brasilia réputé pour sa chaleureuse cuisine libanaise.