Nous-nous lançâmes dès lors dans la production de l’exposition, et finalement nos efforts conjugués nous firent trouver le biais pour que mes peintures puissent franchir les presque neuf mille kilomètres de terre et d’océan qui séparent Paris de Brasilia : les grands formats de ces toiles, ajoutés à leur nombre, rendaient leur transport problématique -un défi presque impossible à relever, au regard des coûts et de la logistique qu’il impliquait, que ni moi ni les institutions brésiliennes impliquées n’étions en mesure d’assumer. Finalement, grâce à notre opiniâtreté et la combativité d’Elaine, et grâce à l’efficacité de son amie Tininha Morato, artiste brasiliense qui dirigeait un atelier d’encadrement à Brasilia et œuvra pour que les toiles acheminées depuis la France sans leurs chassis puissent être tendues sur place, notre projet aboutit avec cette magnifique exposition de presque deux mois dont Elaine assura le commissariat à l’automne 2010 (le printemps à Brasilia), en clôture des célébrations du Cinquantenaire de la ville.

Toutes les montagnes déplacées rendent aujourd’hui plus précieux encore tous mes souvenirs liés à cet événement… Les rencontres chaleureuses liées à la soirée du vernissage, en compagnie de la sympathique Ione Carvalho, directrice au Ministère de la culture, Pedro Eusebio Cuesta, directeur de l’Institut Cervantes de Brasilia qui apprécia beaucoup l’exposition -et le fit savoir en termes éloquents-, Ana Cristina Costa e Silva et Fernando Lemos à qui mon parcours brésilien devait tant, de par les rencontres que tous deux avaient favorisées… Sans oublier Ana Lucia Niemeyer de Medeiros que j’avais rencontrée sept années auparavant à Rio dans la villa de Canoas, dont la présence m’honora et à qui j’offrais mon catalogue de Brasilia à l’issue de la soirée, en lui parlant de son grand-père avec une émotion que j’eus beaucoup de peine à masquer… L’Ambassade de France, qui avait participé au montage de l’exposition, avait dépêché ce soir-là sa conseillère adjointe à l’action culturelle Françoise Cochaud et son assistant Paulo Cohen.