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Pour ceux de ses fantômes qui avaient effectivement hanté l'aéroport (par exemple en y subissant les assauts des paparazzi à la descente des Caravelles Air France), c'était l’occasion de réinvestir fugitivement les lieux ; et pour ceux qui n’y avaient jamais mis les pieds, leur figuration dans mes toiles évoquerait leur propre époque de gloire, contemporaine de celle de l’aéroport, toutes deux se confondant dans la magie si particulière des Trente Glorieuses.

La musique qui s’imposa alors autour de ce travail sur Orly me renvoya à des ambiances nocturnes, solitaires, où la lumière palpite mais où l’ombre gagne, celle du Film Noir : c’était la prodigieuse partition de Miles Davis, improvisée pour Ascenseur pour l’échafaud, le si troublant film de Louis Malle. Cette musique, et quelques autres de l’époque, de Michel Legrand et de Francis Lai, collent ainsi à "Orly (Sud)" dans sa globalité et à jamais, pour ce qui me concerne.
Sur la musique de Davis, j’ai ainsi produit la première série de toiles qui exprimaient le trouble et la nostalgie pour ce (soit-disant) paradis perdu des Trente Glorieuses qui nous affirmait que "tout allait bien, et irait de mieux en mieux". Le décor était splendide, mais on sentait bien que quelque chose clochait. À l’image de cette légende des Trente Glorieuses, la splendeur était un leurre, fallait-il comprendre -décor magnifique d’un futur qui n’avait pas d’avenir. C’est la raison pour laquelle les personnages peuplant ces toiles sont des sortes de pantins anonymes aux destinées mystérieuses et sans boussole, qui se télescopent mais ne se rencontrent jamais.
Après 2011, j'eus le sentiment d’avoir fait le tour de cette étape consacrée à la déliquescence du mythe. L’envie naquit alors d’insister davantage sur ses fastes. C’est ainsi que certaines des personnalités "star" des années 1950 et 1960 rejoignirent Orly : celles qui imprégnaient si fortement mes songes et mes souvenirs d’adolescence, nourris par les légendes nées des deux rives de l’Atlantique (l’Amérique étant encore, en ce temps-là, une matrice de mythes).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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