Bien évidemment j’avais pris la défense de Besoin de Personne –même si j’étais d’accord sur Vancouver-, et je ne pouvais m’empêcher de sourire en entendant cette maman s'exprimer sur les œuvres de sa fille qui faisaient vibrer des centaines de milliers de fans en France, en mettant une mauvaise note à ce morceau, et ce sans discussion!...
C’était très touchant d’entendre Madame Sanson parler de sa fille, et ce le fut à chacune de nos rencontres.
Je garde ainsi de ces quelques moments passés auprès de Madame Sanson un souvenir aussi attendri que respectueux. Un jour où j’avais mon appareil de photo avec moi, elle m’avait autorisé à prendre quelques photos de son petit chien blanc et du piano dans le salon, où son époux apprenait à ses filles à en jouer (lieu sacré où Véronique avait fait ses gammes). Les smartphones et cette manie née avec eux de faire des photos sans arrêt pour un oui ou pour un non, de tout et n’importe quoi, étaient encore dans les limbes à l’époque -nous étions en 1976-, et donc je n’ai jamais osé demander à Madame Sanson de la photographier ; j’avais juste pris quelques clichés de ce salon où elle m’accueillait pendant quelques minutes, avant de me proposer avec sa gentillesse coutumière d’aller prendre un café dans sa cuisine. Ce jour-là, quelqu'un ayant sonné, Madame Sanson s’était absentée pour recevoir cette personne ; j’avais alors pris une photo d’elle s’entretenant avec le visiteur dans le vestibule. J’en avais ressenti de la culpabilité, je m’en souviens. Mais je n’ai jamais osé lui demander de poser pour moi. Je le regrette aujourd’hui. C’est pourquoi, en rentrant d’un de nos rendez-vous, je l’avais dessinée, seul moyen pour moi de garder un souvenir visuel d’elle autre qu’une photo où on ne l’apercevait que de dos.
Vers l’été 1976, ayant presque terminé mes portraits (des gouaches pour la plupart), j’en soumettais certaines à Madame Sanson qui je pense les apprécia assez pour accepter de les montrer à sa fille.