Comme pour ces auteurs, c’était la musique et les mots de l’interprète que j’entendais, pas ceux d’un autre. Bien sûr, en ce qui concerne Elton John, il ne m’avait pas échappé que Bernie Taupin écrivait les paroles des compositions, mais d’une part les deux Anglais étaient totalement fusionnels comme Lennon/Mac Cartney l’avaient été, et d’autre part, le génie d’Elton John sur un plan musical faisait qu’on pouvait facilement lui pardonner de n’être l’auteur que des musiques –après tout, Gershwin et Chopin ne s’étaient jamais essayés à coucher des mots sur leurs musiques, eux non plus.
Venant juste d’avoir mes gouaches utilisées par Elton John pour sa tournée de 1974, je m’étais mis en tête fin 1975 de contacter Véronique Sanson, pour créer la pochette d’un de ses futurs albums. Je ne voulais pas passer par la Maison de disque, mon expérience avec Elton John m’ayant enseigné que mieux valait s’adresser au bon dieu qu’à ses saints.
Comme souvent, ce fut grâce à des indices donnés par la presse que je finis par trouver l’adresse de Véronique Sanson, ou du moins de ceux que je devinais être les personnes les plus proches d’elle, à savoir ses parents (elle-même étant inaccessible, puisque devenue la petite fiancée de l’Amérique avec son mariage avec Stephen Stills, suivi de son départ aux Etats-Unis). À l’époque, la presse était mon allié numéro un pour assouvir mes passions musicales, et vivant chez mes parents j’avais tapissé mes murs de ces posters que parfois les magazines encartaient en "bonus". Et bien sûr Elton John et Véronique Sanson trônaient en bonne place près de mon lit et de l’inévitable ours en peluche de mon enfance (qui eut du reste le privilège d’être présenté à Elton John, quelques années plus tard…).
Ces magazines, avec les indiscrétions des journalistes qu’ils distillaient à chaque parution (conjuguées à des recoupements effectués dans les pages du bottin), me firent donc découvrir l’immeuble où Monsieur et Madame Sanson résidaient.