Gérard Fournier me donna son accord sur le concept et le lancement de Trois Traces d’Oscar au cours de l’été 2005. Ce sans avoir vu quoi que ce soit des œuvres produites au préalable, puisqu’aucune n'existait encore à l’époque. Je dois ici saluer le courage de la démarche de Gérard, qui se démarquait de celle des lieux d’exposition professionnels qui, bien souvent, ne s’engagent pas vis à vis de l’artiste sur un concept ou un projet d’exposition tant que la totalité du travail ne leur a pas été soumise -une politique qui leur permet de réduire au maximum leurs risques, bien évidemment. Gérard Fournier, lui, sut s’affranchir de ces considérations et relever le pari. Un calendrier fut alors établi pour la tenue de l’exposition. Le vernissage fut fixé pour la fin de l’année 2006, date conditionnée par la programmation déjà existante de l’Espace Niemeyer, et par le fait que ce qui restait de 2005 et les dix mois de 2006 avant l'inauguration (une année pleine, de fait) représentaient le minimum nécessaire pour produire les vingt-huit toiles grand format et la série de gravure-monotypes que j’avais en tête. Personne ne me contraint à cette ampleur de tâche. Je me devais simplement d’obéir aux exigences qualitatives que je m’étais fixées, en respect de l'extraordinaire travail d’Oscar Niemeyer en Région parisienne.

Un plan de travail par conséquent non négociable, et rendu d’autant plus hasardeux par le fait que l’Espace Niemeyer n’est pas un lieu d’exposition comme les autres, et qu’il ne se laisse pas apprivoiser facilement.
Cela tient à sa morphologie structurelle, et à l'envergure de l’accrochage linéaire dont il dispose. En effet, à la différence des espaces muséaux institutionnels ou privés et des galeries aux murs plans, blancs et de plus ou moins grandes dimensions dans leur longueur, les parois de l’Espace Niemeyer sont des surfaces laissées par la volonté de l'architecte dans leur état d’origine de béton gris, brut et rugueux, qui conservent toutes les empreintes de leurs coffrages. Et surtout, ils sont majoritairement courbes.