Ma rencontre avec la musique de Joni Mitchell s'est faite en 1976, alors que je suivais les cours de l'école d'art Met de Penninghen, à Paris. C'est cette rencontre qui m'a fait devenir peintre. En effet, les recherches que j'ai effectuées entre 1977 et 1989, inspirées par les textes et les musiques de Joni Mitchell que j'avais sélectionnés à cet effet, m'ont fait déboucher sur la peinture.

Une élève vive, spirituelle et toujours sophistiquée dans ses goûts et ses choix, qui s'appelait Agnès d'Andon (et qui a depuis poursuivi son beau chemin d'artiste), m'avait fait écouter Court and Spark, en 1976. En raison du rôle qu’elle joua dans ma vie personnelle à cette époque, et du fait qu’elle m’avait ouvert les portes de l’œuvre de Joni Mitchell, je fis le portrait d’Agnès en 1978 dans une huile pour la composition Jericho de l’album Don Juan’s Reckless Daughter. Cette peinture évoquait Joni Mitchell dans une des photos iconiques du grand photographe américain Norman Seeff.

Suite à mon écoute de Court and Spark, le coup de foudre fut immédiat.
Le sort voulut que ce coup de foudre artistique soit indissolublement lié à un autre, moins heureux. Je mentionne cet épisode de nature privée non par exhibitionnisme, mais seulement parce qu’au delà des qualités artistiques de l'œuvre de Joni Mitchell, c'est l'adéquation de ses thèmes de prédilection (en tout cas ceux de l’époque, à savoir l'amour, ses échecs et le désespoir qui en résulte), avec mon propre vécu qui m’amena à mettre en images certaines des œuvres de la musicienne canadienne.
L'aspect appelé “confessionnel” (à tort) de cette partie de son œuvre m'a ainsi réconforté et me sauva la vie dans le contexte d'une passion malheureuse, qui transforma mon existence en enfer entre 1976 et 1982 –c'est à dire, lorsqu'on a vingt ans et quelques, une éternité. C'est à dire le temps que cette histoire éclose, puis se fane et finisse par s'éteindre au début des années 1980.