Impossible : au mieux, dix mois séparaient la fin 2014 d’octobre 2015, date anniversaire de la sortie de Horses.
Découragé et prêt à abandonner, une lueur d’espoir cependant éclaira mon chemin : s’il était inenvisageable d’exprimer la totalité de Horses en peintures en si peu de temps, peut-être la tâche pouvait-elle être partagée avec un ou une autre artiste, qui s’exprimerait sur la moitié des compositions en donnant sa vision personnelle de l’œuvre de Patti Smith ? Je pensais alors immédiatement à mon amie la photographe Véronique Durruty dont j’appréciais le travail, déployé au sein d’une démarche d’exploration des sens, une œuvre construite, exigeante et d’une belle liberté formelle, qui s’intéressait tout autant à l’humain qu’aux lieux et aux ambiances, aux paysages qu’à la lumière, aux visages qu’aux âmes. Et si je la savais inconditionnelle de la musique de Patti Smith –préalable incontournable pour envisager une collaboration sur ce thème-, il me sembla de par ailleurs que l’esprit souvent "wild" et sans tabous que Véronique Durruty manifestait dans sa démarche artistique trouverait un bel écho dans les compositions de la poétesse-rockeuse "punk" américaine.
En dépit de l’écueil des délais, Véronique accepta, le thème et le challenge d’évidence la passionnant –ce qui n’était guère surprenant de sa part, étant donné sa personnalité. Très vite, nous décidâmes de nous répartir le travail en choisissant quatre compositions chacun.
Étape qui aurait pu aisément devenir une source de conflit dès le début, au cas où nous-nous soyons retrouvés à parier sur le même cheval (sans mauvais jeux de mot). Mais c’est justement là où le premier petit miracle de cette exposition se produisit : nous fûmes très étonnés de découvrir que nos choix respectifs nous dirigeaient chacun vers les quatre pistes que l’autre avait laissées de côté, et ce sans nous être concertés en amont. Véridique.