"Mes jambes tremblaient", avoue le peintre. "Quand j'ai serré la main de Niemeyer, tout ce que je peux dire c’est que j'étais très, très ému. Il a eu cette gentillesse de nous accueillir, mais il ne m'a pas beaucoup prêté attention au début. Après tout, il y avait deux très belles femmes dans notre équipe, et il n'avait d'yeux que pour elles... Ce n'est qu’au bout d’un moment que nous parvînmes à nous mettre au diapason, il m’accorda alors plus d’attention, et répondit même à mes questions en français".
A la fin de l'interview, qui dura trois heures, Benoit offrit à Niemeyer la toile "Aéroport de Brasilia", représentant l'aéroport de la capitale tel que Niemeyer l’avait projeté, et qui fut rejeté par la dictature militaire –l’une des plus grandes frustrations que connut Niemeyer au cours de sa carrière.
Le projet de documentaire de Benoit ("Brasilia. Voyage vers l'Aurore") connut une fin similaire: Il n’aboutit pas, les financements pour la production de la suite du film en France ayant fait défaut.
En revanche, la première exposition à Paris, "Brasilia. De Chair et d’Âme", attira l'attention du Parti communiste français (PCF), dont le siège avait été conçu par Niemeyer au cours de son exil volontaire en France. Une nouvelle exposition fut organisée avec l’accord du PCF, devant être prête en 12 mois. À la hâte, Benoit retourna dans son atelier, désireux d’innover.
"Je ne voulais pas seulement des personnages nus, sensuels et oniriques, comme dans les peintures de Brasilia. Je voulais aussi évoquer une relation plus directe avec Niemeyer. Mais bien sûr, je n’allais pas le peindre tout nu", plaisante Benoit, désignant les œuvres où figure l’architecte.