Donc, back to 1976, et fort de l’impasse où je me trouvais vis à vis de ma production "bowienne", je résolus de me livrer à un baroud d’honneur : avec l’aide de mes amis Claire, Françoise et Pierre-Marie, je parvins à monter une mini expo avec le soutien de la branche française de RCA, dans une petite galerie commerciale sur les Champs-Élysées en mai 1976.
Les murs étaient revêtus d’un papier peint argenté à motifs géométriques comme seules les Années 1970 osaient en proposer. Les gouaches faisaient donc ce qu’elles pouvaient sur ce fond psychédélique digne de Paco Rabanne… et c’est toujours avec émotion et sourire que je revois les photos de cette mini expo.
En 2003, à l’occasion du tournage à New York d’une publicité à laquelle Bowie participait, mon compagnon qui dirigeait l’équipe de l’agence en charge put approcher le musicien, et lui présenta ma pochette de Young Americans (un réel trésor pour moi, édition originale cartonnée, et plastifiée par mes soins pour qu’elle se conserve le plus longtemps possible !...), ainsi que des coupures de presse vintage que j’avais pieusement conservées relatives à ce disque, afin que David Bowie puisse les dédicacer.
Lorsque pochette et articles me revinrent, quelle ne fut pas ma stupeur de constater que Bowie avait totalement recouvert et gribouillé son visage d’un paraphe qui semblait presque rageur, partout où il avait pu le faire. Il avait tout loisir de procéder autrement, d’apposer sa signature sur le côté, où il voulait, mais non. Ce qu’il avait fait en raturant et masquant son propre visage, il l’avait fait sciemment.
J’en conclus que Dorian Gray n’avait pas forcément la volonté d’affronter son image passée, celle de sa splendeur... Il est en effet douloureux pour tout être humain de constater les ravages du temps, cet ennemi dont l'horloge sans pitié rythme notre parcours sur terre avec un tic tac aussi méthodique qu’indifférent, qui chaque jour nous rapproche un peu plus de l'issue inéluctable vers laquelle nous-nous acheminons tous.