En gros le look qui avait caractérisé l’émergence du personnage de Young Americans après le galop d’essai de David Live, un look qui devait évoluer vers le personnage minimaliste, glacé (et glaçant) du Thin White Duke incarnant l’opus suivant, Station to Station.
Une période au cours de laquelle l'ex-extraterrestre Ziggy Stardust, devenu momentanément le nouveau Young American King of Plastic and Disposable Soul, laissa définitivement ses sourcils repousser, enterrant ainsi une fois pour toutes le dernier stigmate de cette période d’hyper créativité, où sourcils rasés et arcades sourcilières luisantes de gloss orange (ou fuchsia, voir Aladdin Sane) avaient largement contribué à l’identifier à un alien tombé de la planète Mars…
Ainsi, la nature de caméléon schizophrène en perpétuelle mutation, véritable fond de commerce stratégique de Bowie, fit que le look période Young Americans était déjà de l’histoire ancienne vers la mi 1976. Bowie à cette époqe avait déjà entamé sa nouvelle mue, abandonnant les rythmes funky, endiablés et des sonorités lisses, luxuriantes et feutrées de Young Americans, pour le martèlement post-industriel et les sons Funk/Rock, amples et caverneux de Station To Station. Un disque-transition marqueur de son départ des Etats-Unis et son retour vers les rivages européens -et donc vers ce qui allait devenir sa fameuse trilogie dite "berlinoise", avec Low, "Heroes" et Lodger. Ceci explique peut-être cela, au moins en partie.

Au printemps 1976, ayant compris que jamais rien ne sortirait de ce travail consacré à David Bowie, je produisis une pochette pour le successeur de Young Americans,  ce Station to Station déconcertant, dont à l’époque je ne comprenais pas la pochette originale, la trouvant si peu en phase avec le look développé par Young Americans, crime qu’il me fallait donc réparer…
Il est évident aujourd'hui que la place de Station to Station et du film L'homme qui  venait d’ailleurs  (1976) dans le quotidien d’alors de Bowie -et plus globalement dans son parcours-, m’avait totalement échappé.