D'un Éclair de génie aux rayons d'une Étoile noire
David Bowie a représenté pour moi un phare créatif.
Il est l’un des artistes qui m’aura le plus subjugué et fasciné.
Mais, à la différence d’autres artistes dont les œuvres ont joué un rôle assez déterminant dans ma propre évolution artistique pour que, par le biais de mon travail, je ressente le besoin de les rencontrer personnellement, je n’ai à aucun moment rêvé de rencontrer David Bowie "pour de vrai".
Peut-être parce qu’à l’inverse d’un Elton John (qui n’a jamais eu à proposer autre chose que lui-même à travers le génie de sa musique, c’est à dire une nature humaine complexe et une sensibilité à fleur de peau, facilement perceptibles malgré la façade des paillettes et l’écran aussi éblouissant qu'intimidant de son extraordinaire aura de musicien, compositeur et chanteur), j’ai en revanche, concernant Bowie, toujours senti que les chances étaient pratiquement inexistantes de pouvoir rencontrer David Jones en parallèle à l’artiste Bowie -et j’entends par là une rencontre dans le contexte strict d’un travail précis (par exemple, celui de réaliser des œuvres inspirées par ses personnages, et pas celui du cahier des charges régissant les rapports usuels de "fan" à "artiste").
De fait, le créateur de Ziggy Stardust, de Aladdin Sane, de Halloween Jack, du Thin White Duke aura génialement (le mot est faible) mis en scène une galerie de personnages successifs, idéals paravents camouflant sa personne réelle. Des avatars artificiels, fabriqués, et parfois empruntés à des univers développés par d’autres, par exemple le monde excentrique, vénéneux et "décadent" avant l’heure du mime Lindsay Kemp, ceux du Kabuki japonais, de la "Philly" Soul américaine, ou de William Burroughs avec son système d’écriture basé sur les collages et assemblages aléatoires de mots sans liens apparents...