Le principal apport de Vicariot à l’architecture de son époque en France est le mur-rideau, importé des Etats-Unis, et qui permit la création à Orly d’un bâtiment largement ouvert à la lumière naturelle mais protégé des intempéries-, adapté à des conditions climatiques peu clémentes. Par comparaison, les constructions de Niemeyer, qui devaient répondre au projet utopique d’implanter une ville nouvelle en pleine jungle, jouent sur l’alternance entre transparence et opacité, la couleur blanche dominant le tout. Dans la série Brasilia, ces bâtiments apparaissent pour ce qu’ils sont : des totems de la modernité érigés sur un territoire sauvage récemment conquis.
Dans Orly (Sud), l’architecture sert davantage à planter un décor à la gloire de l’âge d’or de l’aviation, récemment (2011) remis à l’honneur par la série Pan Am sur la chaîne américaine ABC (et dans le même ordre d’idées, John Travolta, titulaire d’une licence de pilote de ligne, a bâti sa maison sur le modèle d’un aéroport des années soixante, d’où il dispose d’un accès direct au Boeing 707 dont il est l’heureux propriétaire). Ainsi la plupart des vues extérieures choisies par Jacques Benoit pour Orly (Sud) incluent- elles la tour de contrôle, seul élément qui permette de désigner les lieux comme un aéroport, là où n’importe quel bâtiment de Brasilia parle pour lui-même. Quant aux scènes intérieures, elles tirent largement parti du décor conçu par Henri Vicariot, à la fois fonctionnel et luxueux.
La peinture de Jacques Benoit est sous-tendue par une logique cinématographique: cadrage, contre-plongée, action, décor… autant d'éléments qui contribuent à créer l'impression d'une action en cours. Celle-ci reste toutefois mystérieuse, indéfinissable, ce qui renforce le sentiment que le véritable sujet reste l'architecture elle-même.
Or Brasilia et Orly sud partagent la particularité d'avoir servi de sources d'inspiration à plusieurs réalisateurs, français de surcroît : une longue séquence restée culte de L'Homme de Rio de Philippe de Broca (1964), nous montre Jean-Paul Belmondo (dont la stature virile n'est