Je pense ici notamment à la toile Nuages, le quadriptyque Trois Traces d’Oscar, la suite Un Rêve de Peintre, et quelques toiles inspirées par la Bourse du Travail de Bobigny.

D’autre part, face à cette problématique que rencontre l’artiste dans la confection de son art, et le résultat qui l’attend au bout de la route, là encore j'esquisse un sourire en pensant à ce que me confia Oscar Niemeyer, à Rio en 2004, lorsque j’eus la chance et l’honneur de faire sa connaissance : Oscar s'attarda sur les délais extravagants qui lui avaient été imposés dans la conception puis la construction de Brasilia, comparativement à ceux dont bénéficiaient la création du Caminho Niemeyer, ce complexe artistique posé au bord de l'océan à Niteroi et auquel il consacrait beaucoup de son temps à l’époque de notre rencontre (complexe qui devint également par la suite le siège de l’actuelle Fondation Niemeyer).

À propos de Brasilia, m'avait-il dit, il n’avait eu "le temps de rien". Comme il l'avait déjà narré dans ses écrits, tout s’était enchaîné si vite, et simultanément. Tout avait dû être mené frontalement et à une cadence folle : les avalanches de plans conçus et dessinés en symbiose avec l’urbaniste Lúcio Costa, les consultations techniques menées avec son fidèle bras droit l’ingénieur Joaquim Cardoso, les présentations à Juscelino Kubitschek et à l’exécutif de la Novacap, les modifications opportunes et fondées, accueilies comme telles, et celles arbitraires, fruits emposonnés des luttes intestines, les lancements de chantier tous azymuts sans que l’architecte ne puisse jamais trouver le temps de se poser, de réfléchir, de trier, de sélectionner, d'améliorer ou de corriger...

Alors que pour le Caminho, là, m'affirma-t-il, il pouvait prendre son temps. Le temps pour penser et construire, de façon résolue et paisible "cette architecture blanche, immaculée et liée aux arts" qu’il prisait tant, de son propre aveu.