art-disent-fr.html

WTC > peintures

J'attendis donc le coup de fil de James Hanlon.
Qui ne vint jamais.

J'eus beau rappeler encore plusieurs fois Gédéon Naudet sur son numéro au cours de cette matinée du 19 décembre 2002, je tombais désormais systématiquement sur un répondeur. J’essayais plusieurs fois encore dans l’après-midi, puis en soirée, puis le lendemain matin. Ce jour-là du 20 décembre, je devais reprendre l’avion le soir-même pour arriver à Paris le 21 décembre au matin et ainsi avoir le temps de rejoindre ma famille pour les fêtes de Noël en province.
Très ébranlé, je m’abstins de rappeler encore une dernière fois en fin d'après-midi du 20 décembre, juste avant de me rendre à l'aéroport, estimant que si mes interlocuteurs avaient réellement désiré me contacter, ils avaient eu tout loisir de le faire durant presque deux jours : Gédéon Naudet pouvait me joindre par téléphone, numéro reconfirmé dans tous les messages que j'avais laissés sur son répondeur. James Hanlon de même, mon numéro figurant sur le courrier à son attention qui accompagnait les œuvres et lui exposait ma démarche. D'autre part mes coordonnées était aussi inscrits au feutre, au dos de chacune des trois toiles. Ce qui impliquait que James Hanlon était parfaitement à même de me joindre s'il désirait décliner l’offre. S'il s'avérait qu'il ne désirait pas s'associer aux prolongements de ma démarche sur place à New-York et ne souhaitait pas m'aider (et c'était parfaitement son droit), il lui suffisait de m'en avertir à temps, avant que je ne reparte ; mon courrier l'informait de la durée très brève de mon séjour (info relayée par Gédéon Naudet, peut-on logiquement supposer). En me prévenant sans tarder après la réception des toiles, j’aurais eu le temps de les faire récupérer à la caserne de pompiers avant de repartir pour Paris, et de les faire stocker ailleurs à New-York chez l’une de mes connaissances.

Mais n’advint qu’un vaste black out, et ce qui ressemblait fort à une fin de non recevoir. Et ce en contradiction totale avec ce que Gédéon Naudet avait exprimé au téléphone.

Je revins donc à Paris sans les œuvres, restant ainsi face au silence qui s’installa définitivement.
Je tentais encore quelques relances ultérieures en janvier 2003, puis d'autres plus espacées la même année ; toutes infructueuses, elles connurent le même sort que celles entamées sur place à New York. La persistance de ce "silence radio" me fit alors abandonner définitivement mes tentatives. Depuis fin 2002 et à ce jour, je n'ai aucune idée de ce que sont devenues ces trois toiles, aucun de mes deux interlocuteurs ne m’ayant jamais donné le moindre signe de vie.

Excepté de façon inopinée en 2019, où il advint qu’une amie proche, au courant de mon travail sur le World Trade Center et de son épilogue new-yorkais, tomba dans une soirée parisienne sur Gédéon Naudet, et le recontacta dans la foulée pour évoquer les événements d’alors qui l’impliquaient ainsi que James Hanlon, tels que je les lui avaient décrits.
Gédéon Naudet ne contredit mon amie sur aucun des faits qu’elle lui rapporta, mais précisa qu’il ignorait que James Hanlon ait disparu dans la nature après avoir gardé les toiles.
Faut-il comprendre que dès après avoir raccroché en cette matinée du 19 décembre 2002 -et après m’avoir assuré que Hanlon allait m’appeler pour que nous nous rencontrions-, Gédéon Naudet n’aborda plus jamais le sujet de quelque manière que ce soit avec son ami, et réciproquement? Et ce depuis 2002, puisqu’il affirmait en 2019 tout ignorer des événements qui suivirent notre dernier coup de fil en date?
Ou alors, James Hanlon l’assura-t-il qu’il m’avait contacté et même rencontré à New-York avant mon départ, et que tout allait bien? Seules ces deux hypothèses peuvent expliquer l'état d'ignorance exprimé par Gédéon Naudet auprès de mon amie en 2019.
Quant à la série d'appels et de messages successifs laissés sur le répondeur du réalisateur les 19 et 20 décembre 2002 puis au cours de 2003 et auxquels il ne donna jamais suite, la chose ne fut pas évoquée, et si elle le fut, ne suscita aucun commentaire de la part du réalisateur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

art-disent-fr.html
© Jacques Benoit. Design, œuvres, photographies et textes par Jacques Benoit et placés sous son copyright. Les contenus provenant d'autres sources sont crédités comme tel, ainsi que leur origine.
© Jacques Benoit. Design, works, photographies and texts by Jacques Benoit and under the author’s copyright. Except when derived from other sources and then mentioned as such.