Alors oui, à ce moment de mon récit j’avoue que la tentation est grande d'établir un parallèle, une correspondance plutôt entre les affres qu’Oscar Niemeyer connut avec la conception de Brasilia puis la gestion de son chantier, et celles que m'infligèrent la création des toiles de Trois Traces d’Oscar ajoutées à celles de la production de l’exposition. Ce parallèle m'interpelle un instant, mais immédiatement aussi il me fait sourire, puisque bien sûr je le sais infondé.
Car ni en 2005 puis en 2006, lorsqu'il me semblait chaque jour me noyer un peu plus dans la gestation des toiles -et encore moins aujourd’hui en écrivant ces lignes-, il ne m'échappe que d’un côté l’on a affaire à une cité entière, chef-d’œuvre incontestable, intemporel, sorti de la terre rouge du Cerrado en moins de trois ans. Le fruit du génie de trois hommes (l'urbaniste et architecte Lúcio Costa, le Président Kubitschek et pour le plus renommé, Oscar Niemeyer) et du travail de milliers d'autres. Projet pharaonique qui marqua son époque et changea à tout jamais la face de l'architecture et de l'urbanisme. Et de l’autre, à mon propre petit niveau local... juste vingt-huit grands formats et quelques linogravures produits en quatorze mois, qui n’ont rien changé à la façon qu’a la Terre de tourner sur elle-même.
Néanmoins, aussi incongru ce parallèle soit-il, je persiste à trouver amusante la coïncidence, qui n'a pas d'autre signification ou valeur qu'elle-même : là où Niemeyer réussit en 1960 à achever l’irréalisable, soit une œuvre aussi titanesque et géniale que la construction de Brasilia, Trois Traces d’Oscar -directement inspiré par l'homme de Brasilia-, dut affronter à son tour à sa propre échelle des contraintes et des délais aussi impensables qu'impossibles (c’est un fait), et représenta un défi qui ne me laissa pas plus de temps que Brasilia n'en avait laissé à l'architecte pour réfléchir, rêver et écrire, dessiner et gommer, corriger le tir, effacer, recommencer... et en ce qui me concerne, même pas pour peindre tout court, si souvent !