D’autre part, ces parois sont morcelées à travers l’Espace, constituant visuellement comme autant de petits ilots possédant chacun leur identité propre, indépendants les uns des autres.
Certains murs sont rectilignes, d’autres épousent les pentes inhérentes au sol et aux plafonds incurvés conçus par l’architecte, rendant ainsi périlleux l’accrochage de tableaux aux formes rectangulaires ou carrées. Dans cet univers ou rien n’apparait parallèle et où l’angle droit semble banni (suivant en cela la "bible" des commandements architecturaux établie par Niemeyer), les toiles semblent toujours giter d’un côté ou d’un autre, paraissant mal accrochées et de travers par rapport au plafond ou au sol, ou par rapport à la verticalité d’un mur voisin dans l’angle de vision.
En conséquence, établir une scénographie cohérente et homogène est extrêmement complexe.
Enfin, les mille mètres carrés de l’Espace et ses 148 métres linéaires d’accrochage font qu’une exposition en ce lieu, si elle entend lui rendre justice en l’occupant pleinement et harmonieusement, ne peut se résumer à quelques moyens ou petits formats, apparaissant alors perdus et sous-dimensionnés. Cent quarante huit mètres linéaires à occuper impliquent un certain nombre d'œuvres. Je me livrais au calcul, et l'évaluation du travail qui en résulta m’apparut ainsi dès le début pour ce qu’il serait. Vertigineux. Un défi que je n’étais pas sûr de pouvoir relever. Je m’y attelais néanmoins, et entre l'automne 2005 et novembre 2006, pas une minute de mon existence (et de mes insomnies) n'échappa à Trois Traces d’Oscar.
De façon prévisible, ce travail harassant me laissa donc passablement exsangue et décomposé le soir même du vernissage, au bout de ce chemin de douze mois passés tour à tour à peindre sans relâche, ou à organiser et gérer la production de l’exposition. Jour et nuit ; et ce n’est pas une façon de parler.