Elle raconte l'histoire d'amour contrariée d'un homme pour un autre, où l'amant éconduit, vingt années après sa rupture d’avec celui qu’il aimait, finit par louer “deux pièces grises” dont les fenêtres donnent sur le trajet emprunté par cet ancien amour en se rendant à son travail, dans le seul but de pouvoir le regarder passer –de loin.
Joni Mitchell avait composée la mélodie vers le début des années 1980, sans lui trouver de paroles. Elle enregistra en 1983 une première version, vocalisant sur la partition lors d’une session d’enregistrement de l’album Wild Things Run Fast, et la "démo" resta dans les tiroirs. Cette merveille, car c’en est une, parut seulement en 2003 dans l’album The Complete Geffen Recording. Et c’est presque une décennie plus tard, lorsqu’elle enregistrait Night Ride Home, que l’histoire intime de cette connaissance de Fassbinder devint une évidence pour Joni Michell, en lui inspirant les paroles de ce qui allait devenir Two Grey Rooms.
Il m'aurait fallu être aveugle, sourd et amnésique pour ne pas être frappé par la similitude entre certains éléments évoqués dans ce morceau et une partie de mon histoire avec cette personne de mon école d’art. L'intensité de notre relation, proportionnelle à son impossibilité, le manque et la douleur me poussèrent souvent à aller l’attendre dans sa rue, tard les dimanches soirs de cette fin des années 1970, au moment où il regagnait Paris à la fin de son traditionnel week-end à la campagne, blotti sous un porche devant les fenêtres de l’étage où il vivait. Juste dans l'espoir de l'apercevoir “Walk by”, "His shirt undone" derrière les carreaux de la fenêtre de sa chambre...
Bien entendu, j'ai pleinement conscience que l'adéquation entre les écrits et la musique de Joni Mitchell et mon propre ressenti, pour extraordinairement forte qu'elle ait pu être, ne présente rien d'original, dans la mesure où la majorité du public de la musicienne peut