Lorsqu'interrogée à propos de ses premiers albums, Joni Mitchell a parfois dit qu'il lui semblait que plus elle saignait, plus son public s'identifiait à elle et du coup paraissait souhaiter qu'elle saigne davantage. Le fameux transfert sacrificiel. Si dans mon cas ce dernier a jamais existé, il aura eu au moins l'avantage d'être le déclencheur d'une démarche aboutissant à cette série de peintures inspirées par l'œuvre de l'artiste canadienne.
Si j'ai cru un moment que j'avais fait ce que j'avais fait uniquement motivé par une sorte de catharsis impérieuse, la sortie de l'album
Night Ride Home en 1991 me fit changer d’avis. Album qui demeure l’un de mes préférés, en raison de la présence de
Two Grey Rooms et de
Come In From The Cold, deux parmi les chefs d’œuvres de Joni Mitchell qui m’émeuvent le plus.
Two Grey Rooms me donna en effet à penser que, si “les choses n'arrivent jamais par hasard” comme beaucoup d'entre nous souvent le ressentent, mon histoire avec Joni Mitchell n'échappait pas à cette règle.
Ainsi, cette composition prit un relief particulier par rapport à cette histoire d’amour sombre qui avait précédée sa sortie d’une vingtaine d’années. J'ai souvent souligné combien cette composition clôturant l'album Night Ride Home était certainement l'une des plus belles de Joni Mitchell, tant au niveau du sens que de la musique. Elle fut inspirée à la musicienne par le vécu du cinéaste Rainer Werner Fassbinder, qui rapporta cette passion malheureuse vécue par une personne de son entourage proche.