Avec lui, c'est à dire à bord d’un de ces vaisseaux spatiaux... Mais ce qu’il prend pour un escadron d’ovnis se révèle n’être en définitive qu’une nuée de corbeaux noirs. Cette histoire n’a cessé de me hanter, et lorsque nous avons enregistré “Birdland”, morceau totalement improvisé, elle a ressurgi et s’est emparée de la composition.”
Dès le début, lorsque j’ai entrepris de travailler sur Birdland, mes recherches m’ont ramené bien entendu au poème d’origine de Patti Smith pour l’approfondir, mais aussi au livre de Peter Reich A Book Of Dreams que je ne connaissais pas, et que j’ai lu avec attention.
Tout s’est alors clarifié pour moi, le puzzle jadis purement intuitif commençant à se rassembler concrètement sous mes yeux, les correspondances entre Birdland et Les Oiseaux trouvant leur support dans nombre de passages de l’œuvre souche de Peter Reich, de la création de Smith et enfin dans celle de Hitchcock. L’association intuitive d’origine s’était appuyée sur trois facteurs : la violence surnaturelle des oiseaux associée au mystère de leur intervention (dénominateur commun entre Les Oiseaux et la composition de Patti Smith), leur multitude exponentielle ensuite, et enfin l’aspect aussi fascinant que maléfique de ce nuage de “Black Bouquet”, onirique et poétique métaphore de Patti Smith lorsqu'elle décrit ces brassées de fleurs d’ébène vénéneuses dont les pétales acérées envahissent le ciel de façon incontrôlable. Description qui sied tout autant aux nuées noires des Oiseaux de Hitchcock, protagonistes imprévisibles, néfastes, en définitive meurtriers d'une tragédie obscure dont personne ne possède les clefs puisque dénuée de sens apparent.
Il m'est ensuite apparu une seconde convergence entre les deux œuvres. Dans la symbolique du film, les corbeaux s’abattent prioritairement sur un symbole : la "Femme", et ses multiples incarnations. J’ai tout de suite identifié cette "Femme" et ses avatars "Hitchcockiens" aux différentes facettes de la mystérieuse “Tortured Woman” que Smith évoque dans son poème.
Se dessine tout d'abord, à travers le personnage de Mélanie Daniels (interprété par Tippi Hedren), la Femme perdue et corrompue. Celle qui oublie son vide existentiel dans des fêtes futiles et décadentes, mais finit par se rédempter et s’accomplir dans le rôle de future épouse lorsqu'elle s'abandonne à Mitch Brenner, interprété par Rod Taylor.
Peter Reich (1963)
Photo source : Critics at Large
Tippi Hedren (Melanie Daniels)
Source : Wikipedia
Rod Taylor (Mitch Brenner)
Extrait de "Les Oiseaux"