En 1975, la sortie de Horses fut pour moi un choc immense, comme pour beaucoup de gens de ma génération. Une composition, dans ce chef-d’œuvre de disque, m’avait à l'époque particulièrement ensorcelé.
Birdland.
Si la musique, la voix et l’ampleur de la performance de Patti Smith m’avaient tout de suite emporté dans leurs bourrasques, en revanche le sens véritable de cette troisième piste de Horses m’échappa durant plusieurs années. Mon anglais à l’époque était balbutiant, et les paroles du morceau ne figuraient pas sur la pochette. Les seuls indices sur la signification de Birdland étaient son titre, et les lancinants et magiques riffs de guitare de Lenny Kaye -qui évoquaient des croassements suraigüs d’oiseaux. Je dus m’en contenter. Au cours des années qui suivirent, le poème-mélopée de Patti Smith garda donc tout son mystère. Il me faudrait attendre les alentours des années 2000, soit près de vingt-cinq années, pour prendre pleinement connaissance des paroles de Birdland, d’un simple clic sur Internet. Cependant, au fur et à mesure que le temps passait, j’étais de plus en plus fasciné et intrigué par cette composition. Ainsi, j’avais pris l’habitude de demander à droite et à gauche de quoi ce morceau parlait exactement. Ceux qui comprenaient l’anglais beaucoup mieux que moi m’avaient révélé après écoute que Birdland narrait l’histoire d’un petit garçon à la recherche de son père mort, aidé dans cette quête par des nuées de corbeaux, sous l’égide d’un mystérieux vaisseau spatial extra-terrestre noir comme l’encre à bord duquel se trouvait son géniteur, sorte de “Deus In Machina” qui tirait les ficelles de l’histoire, si l’on peut dire.
Patti Smith
(Cornell University -1978)
Auteur : Vistawhite / Source : Wikipedia
Lenny Kaye
(Allemagne -1979)
Auteur : Klaus Hiltscher / Source : Wikipedia