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Dans le morceau-titre, elle avoue de façon poignante (quoique toujours aussi musclée), sa nostalgie pour ses époques d’excès et d’errance du tournant des années Soixante-dix/Quatre-vingt, en chantant "ces temps révolus où j’étais jeune et où la planète tournait tellement moins vite qu’aujourd’hui - Lorsque j'étais jeune j'étais une vraie dure, une vraie, vraie dure de dure" (Titre Flying Cow Boys - 1989 de l'album Flying Cow Boys).
En point d'orgue, l'album s'achève sur Atlas' Marker, une superbe, ambitieuse et énigmatique composition qui peut aisément se targuer d'être la digne héritière de Traces of the Western Slopes, tant par sa coloration musicale dense, sophistiquée et surprenante que par sa structure multicouche et ouverte. Un morceau auquel les orchestrations de cuivres world-jazzy et l’incroyable voix de Rickie Lee Jones confèrent un mystérieux et envoûtant exotisme.
Rickie Lee Jones vit aujourd’hui à la Nouvelle-Orléans, après avoir bourlingué entre New York, Los Angeles, Paris, San Francisco et Washington, et livré -à part ceux cités plus haut-, une dizaine d’albums, parmi lesquels quelques perles, comme Girl At Her Volcano en 1983 (EP studio mêlé de lives, à la sensibilité paroxystique), et surtout l'éblouissant, mystique et déconcertant The Magazine (1984), troisième des incontestables chefs-d'œuvre à l'actif de la musicienne.
Imprévisible, inégale, géniale, ombrageuse, cette dernière a su dépasser les facilités et éviter les pièges qu’un début de carrière fulgurant lui tendait en empruntant un chemin artistique basé sur l’intégrité et le refus des compromissions. Par exemple en bifurquant vers le Hip-hop avec l’album Ghostyhead (1997), comme Mitchell pourrait-on remarquer avait bifurqué vers le Jazz avec Mingus (1979). Ce qui, du reste, coûta aux deux musiciennes une bonne partie de leur auditoire, exactement pour les mêmes raisons (même si le contexte, les motivations et les champs d’expérimentation étaient résolument différents, le Jazz d’un côté et le Hip-Hop de l’autre). La comparaison avec Joni Mitchell s'arrêtant là...