À la réaction d’un des convives, je m’étais aperçu que ce dernier avait ingénument compris que Johnny Hallyday et Eddy Mitchell donnait un concert commun intitulé "Johnny-Mitchell"… Le détrompant, j’avais pu vérifier que le nom de Joni Mitchell lui était totalement inconnu. Et cette personne s’intéressait à la musique... Authentique et véridique!
Ce contexte met en lumière à quel point les écrits d’une personnalité comme Jacques Vassal étaient précieux, par rapport à un contexte français globalement peu réceptif à l’art de Joni Mitchell. En préambule de son appel, le journaliste me dit avoir appris par la bande (probablement via CBS, mais je n’en suis plus sûr) que Joni Mitchell m’avait accordé un temps de rencontre lors de son séjour parisien ; Jacques Vassal était lui-même fort dépité car Joni Mitchell avait refusé toutes les demandes d’interviews, y compris la sienne, et n’avait reçu aucun journaliste.
Ainsi, l’article de Lionel Rotcage pour "Libération" (assez succinct et qui faisait plus que la fine bouche sur la prestation de Mitchell au Théâtre des Champs-Élysées), avait été écrit par quelqu'un ayant effectivement assisté au concert mais à qui aucune interview n’avait été accordée (ce qui peut-être contribuait à expliquer le ton de l’article…). Jacques Vassal quant à lui avait du mal à comprendre comment un illustre inconnu -et qui n'était même pas journaliste- avait pu réussir là où lui et ses confrères avaient échoué. Je lui avais expliqué la situation, et il m’avait alors demandé de lui raconter par le menu ma soirée avec Joni Mitchell. Il avait conclu son coup de fil en me disant que décidément j’avais eu beaucoup de chance, et j’avais senti son sincère regret de ne pas avoir été à ma place. Mais ma chance, en l’occurrence, n’avait tenu qu’à la seule cohérence d’une artiste parfaitement honnête et sincère vis à vis de ses passions. Aux journalistes avec qui elle aurait dû parler musique, elle avait préféré un jeune homme inconnu avec qui elle pouvait parler peinture. C’était aussi simple que cela.