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"Le fils, le signe, la croix
Comme la forme d’une femme torturée, la véritable forme d’une femme torturée."
("The son, the sign, the cross
Like the shape of a tortured woman, the true shape of a tortured woman".)
Patti Smith
"Birdland"

Les oiseaux dans l'œuvre de Peter Reich sont tout aussi maléfiques que ceux qui peuplent le film de Hitchcock, puisque mirages trompeurs. Dans l’esprit du petit garçon qu'est encore Peter Reich à l'époque évoquée par A Book of Dreams, le leurre du vol d'oiseaux qu’il a pris pour le vaisseau spatial de son père le laisse ébahi, et cruellement meurtri ; il échouera à rejoindre son père –seule chose au monde qui lui importait, et qui représentait sa raison de vivre. On mesure l'effet dévastateur de la tromperie sur le psychisme du jeune garçon, l'amertume et la désorientation qui en découlent. Des traumatismes suffisament ancrés et délétères pour que Peter Reich éprouve le besoin, plusieurs annèes après, de les exorciser avec A Book of Dreams.

Chez Patti Smith, la quête du Père connaît une issue différente, totalement mystique, sinon apaisée et heureuse. Ainsi, Peeps (surnom de Peter donné par Wilhelm Reich à son fils) parvient à rejoindre son daddy dans sa soucoupe volante en devenant comme lui un extra-terrestre, soit un personnage very different tonight et surtout not human, dont parle la composition de la chanteuse-poètesse américaine.

Mon propos étant Birdland, j’ai délibérement opté pour le dénouement imaginé par Patti Smith, préférant la sublimation du rêve et une certaine forme de surréalisme au retour à la réalité terne, cruelle et déceptive décrite par Peter Reich.

Puis, au niveau des autres connexions que je découvris et qui inspirèrent cette série de peintures pour Birdland, je me surpris à constater que le statut d'orphelin de Peter Reich (qui perdit son père en 1957, à l'age de treize ans), l’apparentait au sort de Mitch Brenner dans The Birds, lui aussi orphelin de Franck Brenner. Dans Les Oiseaux, Franck Brenner endosse la stature du patriarche nébuleux et divinisé, "Lare Familiaris" protecteur du foyer, aussi mort que vénéré.