A AUSÊNCIA (THE ABSENCE)
Extrait du texte A Ausência (The Absence) dans le catalogue de l'exposition Brasilia. Un Demi-Siècle de la Capitale du Brésil (2013)
Brasilia a déjà été deux fois orpheline,
lorsque Juscelino Kubitschek puis Lúcio Costa l’ont quittée.
Et là, l’an dernier en 2012, avant Noël, à dix jours de ses cent cinq ans, l’architecte au sourire d’enfant triste a faussé compagnie à son tour à la ville.
Les anges de Ceschiatti pleurent, dans la cathédrale.
Il avait écrit sur un mur dans son atelier de Copacabana, avec cette écriture qui était un dessin et qui devenait une œuvre d’art dès qu’il touchait un crayon : "La vie est plus importante que l’architecture". La vie qui nous apporte l’amitié et l’amour.
Il avait dit, aussi : "Je ne fais pas l’architecture qu’on attend de moi, je fais celle qui me plaît".
Tant pis pour ceux qui n’apprécient pas, on s’en fout.
Quelle leçon.
De toutes ces toiles, et de tous ces moments passés à peindre Brasilia, que dois-je aujourd’hui retenir, sinon donner raison à l’architecte au sourire d’enfant triste ? La vie est plus importante que l’architecture, et plus importante que la peinture ; bien sûr.
Alors, toi, l’architecte, lorsque tu nous a quitté, j’ai fait
comme les anges de ta cathédrale au cœur du Brésil,
qui pleurent ton départ. Et aujourd’hui, il me semble que tu es là dans ces peintures, même si on ne te voit pas.
Bien sûr que tu es là.
Je crois bien qu’en fait tu es seulement parti en voyage,
un grand voyage vers l’Aurore qui n’aura pas de fin.
Alors, si je pense à toi, ce n’est pas à ton départ.
C’est juste à ton absence.
Mars 2013